Morituri
(2016)
Inspiré par l’année 2015, l’album a été enregistré à Paris fin novembre par Aymeric Létoquart avec Gael Rakotondrabe, Chris Thomas et Stéphane Reynaud.
1. French Lynx
2. Frankie
3. Tarn et Garonne
4. La Pharmacienne d’Yvetot
5. Le Chant du coucou
6. Interroge la jument
7. Tous mourus
8. La Chanson du cavalier
9. Nuit sur l’Himalaya
10. Morituri
11. Le Cafard
Vinyle :
Face A :
1. French Lynx
2. Frankie
3. Tarn et Garonne
4. La Pharmacienne d’Yvetot
Face B :
1. La Chanson du cavalier
2. Le Chant du coucou
3. Morituri
4. Un homme ou bien
Paroles et musiques : JLM Bergheaud
Réalisé par Jean-Louis Murat
batterie, percussions : Stéphane Reynaud
basse, contrebasse : Christopher James Thomas
piano, claviers : Gael Rakatondrabe
guitare, chants, choeurs : JL Murat
« Morituri » en duo avec Morgane Imbeaud.
« French lynx » et « Nuit sur l’Himalaya » chœurs de Morgane Imbeaud
Enregistré par Aymeric Létoquart en novembre 2015 aux studios Davout à Paris.
Mixé par Aymeric Létoquart à ICP Recording (Bruxelles)
Masterisé par Jean-Pierre Chalbos à La Source Mastering
Photos et artwork : Frank Loriou
On l’avait laissé Dans la direction du Crest, un jour de Neige et Pluie au Sancy. Double-album enregistré à la hussarde avec ses « concitoyens » du Delano Orchestra, Babel (2014) succédait au tout acoustique « Toboggan » (2013), conçu en solitaire – ou peu s’en faut. Cet enchainement confirmait l’une des manies de Jean-Louis Murat, insatiable curieux qui a en sainte horreur l’idée même de reproduire deux fois de suite le même schéma de travail. Par chance, l’homme aime les rencontres et prend plaisir à voir ce que d’autres peuvent apporter à ses chansons. « Moi, je suis là pour voler ces gens », avoue-t-il sans même un sourire. « Je leur fais les poches, je suis un pickpocket. Bowie, c’était le champion du monde pour faire les poches ». Après l’expérience « à la bonne franquette » de Babel, le natif de La Bourboule est allé chercher ce que l’on peut considérer comme « l’exact opposé d’un musicien de rock ». Après avoir essayé de les apprivoiser sur une quarantaine de dates tout au long de l’année 2015, il est donc entré en studio en compagnie du clavier Gaël Rakotondrabe (Antony And The Johnsons, CocoRosie…) et du bassiste américain Christopher James Thomas.
Avec ces musiciens issus du jazz, auxquels il faut ajouter un habitué des lieux, le batteur Stéphane Reynaud, Murat est décidé à se débarrasser de l’étiquette de « chanteur AOC » pour endosser le costume de « chanteur français ». « Mais la France de 2015 », précise-t-il d’emblée. L’été dernier, entre juin et aout, il a ainsi composé les morceaux de Morituri. Mais celui qui « laisse toujours le hasard mener les choses » ne se doute pas de ce qui va arriver. Le quatuor doit entrer en studio après sa tournée automnale. Il s’y retrouve quatre jours après l’assaut de Saint Denis. Une semaine après le Bataclan. Tout à coup, certains textes de ces nouvelles compositions prennent une autre dimension – comme rattrapés par l’effroyable du réel. L’atmosphère en studio est tendue. Murat gère les émotions, dans un stress à son maximum. « Ce que j’aime sur le disque », confie-t-il aujourd’hui, « c’est d’avoir saisi l’ambiance du moment, le malaise ressenti par tout le monde. L’ingénieur du son aurait voulu annuler, mais j’ai préféré aller au charbon. Il existe sur ces chansons une tenue, une rigueur d’après les événements, liés au fait qu’on a enregistré à Paris, avec des non-Parisiens, qui se demandaient vraiment ce qui se passait ». Alors, on comprend mieux pourquoi Morituri est un disque dense, qui s’offre dans une beauté sans fard, drapé de noir dans une pochette signée Frank Loriou, un autre fidèle – « J’aime la fidélité et le jeu collectif, contrairement aux idées reçues ». Entre la mélodie faussement débonnaire de French Lynx et la fragilité apparente de Le Cafard, l’artiste se balade guitare à la main, croise sa voix avec celle de Morgane Imbeaud, prend la tangente soul (Tarn Et Garonne), se fait ouvertement pop (Interroge La Jument), égrène des notes jazzy (Tous Mouru). Dans un monde de la musique où « les règles sont incompréhensibles et aléatoires », Jean-Louis Murat continue à avancer à son rythme, sans jamais transiger, avec ses manies et ses défauts, ses obsessions et ses désirs. Cette fois, pour le suivre, il suffira d’un « cygne ».